Arrestation d’Ali Abunimah à Zurich: le continuel effacement des voix palestiniennes
Samedi 25 janvier, deux personnes non identifiées ont arrêté brutalement le journaliste palestino- américain Ali Abunimah, fondateur de la plateforme Electronic Intifada et défenseur de la lutte des Palestinien·nes, sans donner aucun motif. Plus tard, la police de Zurich a admis avoir arrêté le journaliste invoquant une interdiction d’entrée sur le territoire, et a indiqué que d’autres mesures étaient envisagées dans le cadre de la loi sur l’immigration. Il a finalement été déporté à Istanbul deux jours plus tard.
En plus d’une violation grave de la liberté d’expression, il s’agit une fois de plus de la censure des voix palestiniennes. On note également que la NZZ était prête à sortir son article quelques heures plus tard. On peine à croire à une réactivité innocente du quotidien. Le papier diffamatoire décrit M. Abunimah comme un « Judenhasser », un antisémite et « porte-parole du Hamas », ce qui est dépourvu de toute réalité. Les mots sont d’ailleurs les mêmes dans la bouche du chef du département de la sécurité, Mario Fehr, qui a déclaré que M. Abunimah était interdit d’entrée à Zurich, ajoutant « nous ne voulons pas d’un islamiste qui hait les juifs et qui appelle à la violence en Suisse ». Rappelons que Mario Fehr est notoirement pro-israélien, qu’il avait tenté d’interdire les manifestations « anti-israéliennes » en novembre 2023, et avait également exprimé son soutien « total » à l’État d’Israël.
Ce qui est reproché à Ali Abunimah par certains médias, c’est d’avoir questionné l’allégation israélienne, qui n’a jamais été étayée par des preuves tangibles, selon laquelle le Hamas aurait eu recours à des viols systématiques le 7 octobre. Sont également évoquées ses recherches sur les attaques de l’armée israélienne contre ses propres citoyen·nes le même jour dans le cadre de la doctrine Hannibal, fait reconnu et commenté dans les médias israéliens. Au lieu de fournir des éléments qui invalideraient les recherches d’Abunimah et d’autres journalistes d’investigation, ces informations sont discréditées comme étant motivées par des sentiments antisémites.
La rapporteuse spéciale des Nations unies sur la liberté d’opinion et d’expression, Irene Khan, a qualifié cette arrestation de « nouvelle choquante » et a exhorté la Suisse à mener une enquête et à libérer l’intéressé dans un message publié sur la plateforme de médias sociaux X.
Quelles que soient les divergences d’opinion que l’on puisse avoir avec certaines prises de position d’Ali Abunimah, nous condamnons fermement cette nouvelle atteinte à la liberté d’expression et de rassemblement par les autorités Suisses.
Signez la pétition de Swiss Action for Human Rights : Accountability for Ali Abunimah’s detention and deportation by Swiss authorities