Le radiodiffuseur israélien KAN est indésirable à l’Eurovision
Dans deux pétitions à l’Union Européenne de Radio-Télévision (UER), des créateur·rices artistiques et culturel·les de Suisse et d’ancien·nes participant·es au Concours Eurovision de la Chanson (ESC) demandent que le radiodiffuseur national israélien KAN soit exclue. Ils et elles rejoignent ainsi des revendications similaires – et de plus en plus vigoureuses – lancées par d’autres pays participant à l’Eurovision.
Demande de la Suisse à l’UER et à la SRG SSR
BDS Suisse a publié la pétition adressée à l’UER et à la SRG SSR ce mardi 6 mai. En Suisse plus de 100 artistes et professionnel·les de la culture sont les premier·ères signataires, dont les rappeuses Nathalie Froehlich et La Gale, le rappeur MzumO et le groupe Sirens of Lesbos. BDS Suisse s’attend à ce que la pétition trouve un large écho et soit signée par de nombreuses autres personnes.
La demande d’exclusion de la chaîne israélienne KAN s’appuie sur les crimes israéliens maintes fois documentés et sur le fait que l’UER a également exclu la Russie en 2022 en raison de la guerre contre l’Ukraine. Les crimes israéliens comprennent l’apartheid contre les Palestinien·nes, l’occupation illégale et violente de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est, par exemple sous la forme de spoliation de terres, de torture, d’assassinat de journalistes, de démolition de maisons, de scolasticide, de détention sans inculpation et de nettoyage ethnique. Depuis 2024, la Cour internationale de Justice reconnaît en outre le risque plausible qu’Israël commette un génocide dans la bande de Gaza.
La demande faite à l’EBU de ne pas collaborer avec la chaîne KAN intervient alors que le blocus israélien empêche depuis plus de deux mois l’acheminement de nourriture, de médicaments ou d’autres biens vers Gaza et que plus de 52 000 personnes – dont une majorité de civils – ont déjà été massacrées dans des attaques israéliennes.
KAN s’est rendue complice des crimes perpétrés par Israël contre les Palestinien·nes en diffusant des émissions déshumanisantes et racistes, qui n’hésitent pas à faire l’apologie de l’apartheid et du génocide. Par exemple, lors d’une émission, une présentatrice de KAN a signé des bombes destinées à être larguées sur Gaza.
La pétition, adressée à la SRG SSR, lui demande d’intervenir auprès de l’UER pour qu’Israël soit exclu de l’ESC. La SRG SSR rejoindrait ainsi les diffuseurs nationaux de l’Islande, de l’Espagne et de la Slovénie, qui ont déjà dénoncé la participation israélienne.
Jusqu’à présent, la SRG SSR a refusé d’entreprendre des démarches contre la participation israélienne. La lettre de BDS Suisse adressée au radiodiffuseur a simplement été transmise directement à l’UER, sans prise de position sur son contenu.
Les revendications d’ancien·nes participant·es à l’Eurovision adressées à l’UER
Plus de 70 ancien·nes participant·es à l’Eurovision demandent également l’exclusion d’Israël du Concours Eurovision de la chanson. Artists for Palestine UK (un membre de la campagne internationale BDS) a publié la pétition « Excluez Israël de l’Eurovision » à l’adresse de l’UER sur son site web.
La pétition affirme que la participation de la chaîne nationale israélienne KAN à un concours musical destiné à promouvoir la paix et l’entente entre les peuples est inacceptable. Elle a été signée entre autres par le chanteur portugais Paulo de Carvalho, dont la chanson est devenue en 1974 le code secret de la « révolution des œillets » qui a renversé la dictature portugaise. Cette démarche est également soutenue par Charlie McGettigan, qui a remporté le concours en 1994 pour l’Irlande avec « Rock’n’Roll Kids », par la chanteuse britannique Mae Muller qui a participé en 2023, et par le groupe norvégien GÅTE, candidat en 2024.
« Le silence n’est pas une option, » affirme la pétition. « Face à la montée des mouvements autoritaires et de l’extrême droite dans le monde, nous avons le devoir pressant de nous exprimer. C’est pourquoi nous nous unissons pour affirmer que la complicité de l’UER avec le génocide israélien doit cesser. » https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfnJgrZlKULBmK4iEn83PNy5BJxBDtICcloBzp_v1c_VFtcYg/viewform
Si Israël devait quand même y participer, il faudra boycotter l’ESC
L’exigence d’exclure Israël du concours d’Eurovision n’est pas nouvelle. En 2024, des milliers d’artistes et plus de 60 organisations queer avaient déjà rejoint l’appel au boycott lancé par BDS. Cette mobilisation, soutenue par plus de 200 organisations de la société civile palestinienne, invite à nouveau cette année les artistes, les fans de l’Eurovision et les institutions culturelles à se désolidariser de l’événement, à ne pas y participer ni à en assurer la diffusion ou l’organisation.
À ce jour, l’UER a fait la sourde oreille. Dans une lettre adressée à BDS Suisse, le directeur de l’ESC, Martin Green, affirme vouloir protéger le concours de toute forme d’instrumentalisation. Une déclaration profondément cynique, étant donné qu’Israël utilise systématiquement l’Eurovision comme vitrine pour redorer son image en occultant ses violations du droit international. BDS Suisse estime que le refus de l’UER d’assumer ses responsabilités face à ce concours controversé est de plus en plus grave.
Tant que les droits fondamentaux du peuple palestinien seront ignorés, BDS Suisse continuera de soutenir l’appel des ancien·nes participant·es à l’exclusion d’Israël. Si l’Eurovision doit à nouveau servir à blanchir les crimes de guerre israéliens, BDS Suisse appelle à un boycott total de l’édition 2025 à Bâle.