Etre noir ou palestinien ne devrait pas pas entraîner une condamnation à mort

03.06.2020

Categories: Apartheid et colonialisme, BDS-Arguments

Avez-vous vu les policiers américains ? Avez-vous vu comment ils ont étranglé George Floyd à Minneapolis ? Avez-vous vu l'officier Derek Chauvin, agenouillé sur le cou de Floyd alors que celui-ci suppliait pour sa vie, jusqu'à ce celui-ci meure cinq minutes plus tard ? Cela montrait combien les forces de police sont racistes aux Etats-Unis, combien elles sont brutales. Aujourd'hui, Minneapolis brûle après qu'un citoyen noir ait été tué à cause de sa couleur de peau. Le maire s'est excusé, les quatre officiers impliqués ont été renvoyés, Chauvin a été inculpé. Vous avez pu constater que les Etats-Unis sont cruels pour les Noirs et que sa police est raciste.

Quelques jours après Minneapolis, samedi matin, dans la vieille ville de Jérusalem, Eyad Hallaq, un autiste de 32 ans, se rendait au Centre Elwyn pour personnes handicapées. Les agents de la police des frontières ont affirmé qu'ils croyaient qu'il tenait une arme - il n'y en avait pas - et lorsqu'ils ont crié pour qu'il s'arrête, il s'est mis à courir. Il a été puni de mort. La police des frontières, la plus brutale de toutes les unités, ne connaît pas d'autre moyen de maîtriser un Palestinien autiste en fuite que de l'exécuter. Les agents de la police des frontières ont lâchement tiré une dizaine de balles sur Hallaq alors qu'il fuyait, jusqu'à ce qu'il meure. C'est toujours ainsi qu'ils agissent. C'est ce qu'ils ont été entraînés à faire.

L'armée israélienne et la police des frontières ont un faible particulier pour les personnes handicapées. Le moindre faux mouvement ou bruit pourrait les condamner à mort. Dans une autre vieille ville d'Hébron, en mars 2018, des soldats ont tué Mohammad Jabari, 24 ans. Il était muet et malade mental, ses voisins l'appelaient "Aha-Aha" parce que c'étaient les seules syllabes qu'il pouvait dire. Les soldats lui ont tendu une embuscade et lui ont tiré dessus près d'une école de filles, en prétendant qu'il lançait des pierres. Il a laissé derrière lui un orphelin, un fils de 4 ans.

Le surnom d'un autre jeune homme, Mohammad Habali, était Za'atar (hysope) ; personne ne sait pourquoi. Il était également malade mental et avait l'habitude de se promener avec un bâton. Les soldats israéliens l'ont exécuté en lui tirant une balle dans la tête à environ 80 mètres de distance. Cela s'est passé en décembre 2018 en face du restaurant Sabah à Tul Karm, juste après 2 heures du matin, alors qu'il s'éloignait des soldats et que la rue était calme.

Deux ans plus tôt, l'armée avait tué Arif Jaradat, 23 ans, handicapé mental, dans la ville de Sa'ir. Sa famille l'a appelé Khub, ce qui signifie "amour". Chaque fois qu'il voyait des soldats, il leur criait en arabe "Pas mon frère Mohammed". Il voulait dire : "Ne prenez pas mon frère Mohammed." Mohammed, le frère aîné d'Arif, a été enlevé à son domicile et arrêté au moins cinq fois par des soldats juste devant lui. Le jour de la mort d'Arif, ils l'ont entendu crier son cri habituel aux soldats. Quelqu'un a réussi à crier aux soldats:"Il est handicapé, ne le tuez pas", mais ils s'en fichaient et Ils ont tiré sur Khub.

Aucune de ces malheureuses personnes handicapées mentales ne mettait en danger les soldats ou le personnel de la police des frontières. L'autiste Hallaq ne mettait personne en danger non plus. Les agents de la police des frontières lui ont tiré dessus parce que c'est comme ça qu'ils font les choses. Ils l'ont fait parce que c'était un Palestinien et parce que les tirs réels sont la première option et la préférée des forces d'occupation.

La police des frontières israélienne n'est pas moins brutale ou raciste que la police des États-Unis. Là-bas, ils tirent sur des Noirs, dont le sang est bon marché, et en Israël ils tirent sur des Palestiniens, dont le sang est encore moins cher. Mais ici en Israël la tuerie nous endort, là-bas elle suscite des protestations. Le maire de Minneapolis, Jacob Frey, qui se trouve être juif, n'a pas tardé à s'excuser auprès de la communauté noire de sa ville. "Être noir en Amérique ne devrait pas être une condamnation à mort", a-t-il déclaré.

Être Palestinien ne devrait pas non plus être une condamnation à mort, mais aucun maire israélien juif n'a jamais dit une telle chose. L'officier de police qui a étranglé Floyd à mort a été accusé de meurtre au troisième degré, ses collègues ont été renvoyés. En Israël, le département du ministère de la Justice qui enquête sur les infractions de la police enquête sur l'officier qui a tiré sur Hallaq. On sait bien comment cela s'est passé dans les autres cas similaires.

Oui, aux Etats-Unis, la police est brutale et raciste ...

 

Source: article de Gideon Levy dans Haaretz, rubrique opinion, le 30.5.2020

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