Une autre approche du sionisme

24.01.2019

Categories: Apartheid et colonialisme, BDS-Arguments, Réfugiés palestiniens

NOTRE APPROCHE DU SIONISME

"La solidarité est la version politique de l'amour."

Melanie Kaye/Kantrowitz,

Jewish Voice for Peace est guidée par une vision de justice, d'égalité et de liberté pour tous les peuples. Nous nous opposons sans équivoque au sionisme parce qu'il est contraire à ces idéaux.

Nous savons que s'opposer au sionisme, ou même en discuter, peut être douloureux, toucher au plus profond traumatisme et à la plus grande peur de beaucoup d'entre nous peuvent éprouver. Le sionisme est une idéologie politique du XIXe siècle qui a émergé à un moment où les juifs étaient définis comme étant irrévocablement extérieurs à une Europe chrétienne. L'antisémitisme européen a menacé et mis fin à des millions de vies juives - dans des pogroms, en exil et pendant l'Holocauste.

Par l'étude et par l'action, par les relations profondes établies avec les Palestiniens qui luttent pour leur propre libération et à cause de notre propre compréhension de la sécurité et de l'autodétermination des Juifs, nous en sommes venus à comprendre que le sionisme était une réponse erronée et déficiente à la question, désespérément réelle, que beaucoup de nos ancêtres se posaient : celle de savoir comment protéger la vie des Juifs contre un antisémitisme meurtrier en Europe.

Historiquement, il y a eu plusieurs versions du sionisme. Cependant, la version qui s'est installée et qui perdure aujourd'hui est un mouvement colonisateur, établissant un État d'apartheid où les Juifs ont davantage de droits que les autres êtres humains. Notre propre histoire nous enseigne à quel point cela peut être dangereux.

La dépossession des Palestiniens et l'occupation de terres palestiniennes sont intentionnelles. Le sionisme a entraîné pendant des générations un profond traumatisme: il a arraché systématiquement les Palestiniens de leurs foyers, de leurs terres et les a séparé les uns des autres. Dans la pratique, le sionisme a entraîné des massacres de Palestiniens, la destruction d'anciens villages et d'oliveraies, la séparation de familles qui vivent à un kilomètre à peine les unes des autres par des postes de contrôle et des murs. Certains Palestiniens conservent encore les clés des maisons dont leurs grands-parents ont été exilés de force.

Parce que la fondation de l'Etat d'Israël était basée sur l'idée d'une "terre sans peuple", l'existence même des Palestiniens constitue une résistance. Nous sommes d'autant plus humbles devant le dynamisme, la résilience et la ténacité de la vie, de la culture et de l'organisation palestiniennes, qu'elles constituent un refus profond d'une idéologie politique fondée sur la volonté de les effacer.

En partageant nos histoires les uns avec les autres, nous voyons comment le sionisme a aussi nui au peuple juif. Le sionisme a appris à beaucoup d'entre nous à traiter nos voisins avec suspicion, à oublier comment les Juifs construisaient leur foyer et leur communauté où qu'ils se trouvaient. Le peuple juif a une histoire longue et intégrée dans le monde arabe et en Afrique du Nord, vivant parmi les musulmans et les chrétiens et partageant communauté, langue et coutume avec eux depuis des milliers d'années.

En créant une hiérarchie raciste qui situe les Juifs européens au sommet, le sionisme a effacé ces histoires et détruit ces communautés et ces relations. En Israël, les Juifs de couleur – du monde arabe, d'Afrique du Nord et d'Afrique de l'Est – sont depuis longtemps victimes de discrimination et de violence systémiques de la part du gouvernement israélien. Cette hiérarchie crée également des espaces juifs où les Juifs de couleur sont marginalisés, nos identités et nos engagements remis en question et scrutés, et nos expériences invalidées. Elle nous empêche de nous voir les uns les autres – nos compatriotes juifs et d'autres êtres humains – dans toute notre humanité.

Les interprétations sionistes de l'histoire nous ont appris que le peuple juif est isolé, que pour remédier aux méfaits de l'antisémitisme, nous devions nous considérer comme étant toujours attaqués et que nous ne pouvions faire confiance aux autres. Elles nous apprennent la peur, et veulent nous convaincre que la meilleure réponse à la peur est de posséder une arme plus grosse, de construire un mur plus haut, un check-pont plus humiliant.

Plutôt que d'accepter l'inévitabilité de l'occupation et de la dépossession, nous choisissons une autre voie. Nous apprenons des expériences des Juifs antisionistes qui nous ont précédés, et nous savons que depuis que le sionisme existe, la dissidence juive a toujours existé. Confrontés aujourd'hui à l'antisémitisme violent alimenté par le nationalisme blanc aux États-Unis, nous choisissons la solidarité. Nous choisissons la libération collective. Nous choisissons un avenir où chacun, y compris les Palestiniens et les Israéliens juifs, pourront vivre librement dans des communautés dynamiques, sûres et équitables, où les besoins humains fondamentaux seront satisfaits. Rejoignez-nous [à Jewish Voice for Peace].



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