Lettre ouverte à Eric Truffaz

02.01.2013

Categories: Boycott culturel

Le mouvement BDS en Suisse a écrit une lettre ouverte au musicien Erik Truffaz, invité en 2013 au Winter Red Sea Jazz Festival, en Israël, pour lui demander d'annuler sa participation au festival. D'autres musiciens ont déjà pris cette décision, comme le quartet britannique Portico et tout recemment Stanley Jordan. 

 

La lettre en français.

La lettre en anglais.

Débat dans l'émission Forum "Les artistes doivent-ils boycotter les festivals israéliens", sur la Radio Suisse Romande 

Pour suivre le débat sur Erik Truffaz sur le site de BDS France   

 

 

Lettre ouverte du mouvement BDS en Suisse au musicien Erik Truffaz

Le sens du boycott de l'Apartheid

Genève, Bâle, le 2 janvier 2013

Cher Monsieur,Cette lettre vous est adressée suite à plusieurs tentatives de prendre contact personnellement avec vous. Partisans d'un dialogue dans l'espace public, les militants suisses de la campagne Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS) s'adressent maintenant à vous au moyen de cette lettre ouverte.

La campagne BDS a été lancée en 2005 par un éventail représentatif d'associations de la société civile palestinienne(1). Les artistes et intellectuels palestiniens ont aussi lancé un appel à leurs confrères du monde entier pour qu'ils se joignent à la dénonciation du régime dont les Palestiniens sont victimes sous l'occupation militaire israélienne (PACBI)(2).

Nous avons appris récemment que vous êtes programmé au Winter Red Sea Jazz Festival d'Eilat. Or le mouvement BDS dénonce dans cet événement l'une des grandes institutions culturelles dont se sert le régime israélien pour polir son image à l'étranger et pour détourner l'attention de l'opinion publique sur sa politique d'oppression. 

Depuis plus de 60 ans, Israël mène en Palestine une politique méthodique de colonisation. Peu se souviennent que la ville d'Eilat, où vous êtes invité, s'appelait alors Umm Rashrash. Sa population autochtone en a été expulsée en mars 1949 par l'armée israélienne(3). Depuis lors, la colonisation se poursuit sans relâche, au mépris des lois internationales. En guise de rétorsion à la reconnaissance par l'ONU du droit de la Palestine à constituer un État, Israël a encore annoncé, il y a à peine quelques semaines, la construction de 3'000 nouveaux logements illégaux autour de Jérusalem et en Cisjordanie. Au même temps, Israël poursuit la construction du Mur de Cisjordanie, qui enferme les Palestiniens dans un gigantesque étau. Les habitants de Cisjordanie qui aiment votre musique n'auront tout simplement pas le droit d'assister à votre concert d'Eilat. Il en va de même pour des millions de réfugiés palestiniens, interdits de retour dans leurs foyers. Pour les habitants de la bande de Gaza, c'est encore pire. Vivant sous blocus depuis 1995, ils subissent en toute impunité des agressions militaires de grande envergure. Quant aux Palestiniens qui vivent en Israël, ils sont régis par des lois spéciales, qui en font des citoyens de seconde zone. Un nombre croissant d'entre eux se voient retirer leurs permis de résidence et sont repoussés dans les territoires occupés. On appelle tout cela l'Apartheid, un système politique qualifié de crime contre l'humanité dans le droit international(4).

C'est cette politique à laquelle de plus en plus d'artistes et d'intellectuels refusent désormais de prêter leur prestige et leur talent : Natacha Atlas, Judith Butler, Brian Eno, Naomi Klein, Mike Leigh, Annie Lennox, Ken Loach, Massive Attack, Maxi Jazz, les Pixies, Cat Power, Carlos Santana, le regretté Gil Scott Heron, Snoop Dog, Alice Walker, Roger Waters, Cassandra Wilson etc., et tout dernièrement Stevie Wonder.

En 2012, plusieurs artistes annoncés à Eilat ont annulé leur participation au festival jazz, dont le groupe Tuba Skinny, qui a expliqué de manière très complète la décision de ses musiciens(5). Cette année, le quartet britannique Portico a annulé sa participation au festival, en espérant que d'autres musiciens les rejoindront dans leur décision(6).

En Suisse, plus de 170 artistes et acteurs culturels ont exprimé en 2011 leur refus de participer à de telles opérations promotionnelles tant que l'État d'Israël ne respectera pas les droits humains du peuple palestinien. Parmi les adhérents à cet engagement figurent entre autres Pascal Auberson, Fabienne Berger, Jean-Luc Bideau, La Gale, Claude Goretta, Francis Reusser, La Ribot, François Rochaix et Alain Tanner(7).

Cher Monsieur, pour de nombreux fans qui vous suivent régulièrement votre parcours artistique témoigne d'une approche humaniste. Nous sommes convaincus que vous pouvez comprendre l'aspiration du peuple palestinien à la justice, à la liberté et à l'égalité. C'est pourquoi, nous pensons que vous pouvez être sensible au sens de son appel au boycott, une forme de pression pacifique qui vise à rendre consciente la société israélienne que les politiques menées en son nom sont intolérables de la part d'un État qui se veut civilisé.

Nous restons à votre disposition aux coordonnées mentionnées en marge et vous adressons, Cher Monsieur, nos meilleures salutations.BDS CH

Contact: culture@bds-info.ch

 

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